Traditions d’hiver en Ardenne
21
Déc
2016
Par Catherine Goffin 21 décembre 2016 Catégories Boire et manger, Découvrir et visiter, Mon Ardenne 3 commentaires
[mis à jour en décembre 2019]
Pour le plaisir…d’hiver, parcourons rapidement quelques coutumes de l’Ardenne d’hier à aujourd’hui. Retour aux origines de nos fêtes de fin d’année : St Eloi, Ste Barbe, St Nicolas, foires aux amoureux et marchés de Noël, crèche et messe de minuit, et puis desserts exceptionnels…le mois de décembre réunit les hommes et adoucit les cœurs ! Pour chaque pays européen, les traditions diffèrent ou pas. Elles ont des origines historiques, religieuses ou mythologiques. Elles restent vivantes même si on a un peu oublié leur histoire. Et en voici quelques bribes.
Découvrir en vrai
Paix et partage
Les délicieux mots de trêve et de solidarité vont bien à la période hivernale. Dès le moyen-âge, des gestes de partage sont la règle, la cuisinière avait soin d’en faire un peu plus à la Noël pour le premier pauvre qui passait : on l’appelait « la part à Dieu ». Aujourd’hui, l’ASBL les Samaritains en partenariat avec les Restos du Cœur relancent l’opération Shoe-Box : boîtes à cadeaux au profit des plus démunis. Vous pouvez les déposer dans leurs centres à Arlon, à Libramont, Marche ou Virton ! Découvrez tous les renseignements ici !
L’hiver qui débute au solstice le 21 décembre invite au repos et aux retrouvailles. C’est aussi la saison des « mouches d’Ardenne » ainsi désignait-on les flocons de neige qui vont si bien à nos paysages forestiers.
Gâteaux de Noël et doux présages
Pour nos anciens, le dessert était une exception, synonyme de gourmandise et composé d’ingrédients plus coûteux. Le repas de Noël rompt avec le jeûne des jours précédents (l’Avent). Il est signe de fête quand les bûches crépitaient dans la cheminée. Et notre gâteau de Noël par excellence, la bûche, rappelle une croyance d’alors.
Des noix et des cougnous
Jeter des noix dans la cheminée à cette période permettait de prévoir des catastrophes. Les amoureux guettaient leur tenue dans le feu. Si leur éclatement était brutal, le mariage serait assurément malheureux. A Bastogne, à la foire de décembre, les jeunes gens pauvres témoignaient de leur amour en offrant des noix à leur demoiselle de cœur.
Revenons à nos douceurs. Le « cougnou » est une spécialité de Noël en Ardenne, mais aussi dans d’autres régions du Nord de la France. Cette brioche de forme allongée et à deux têtes évoque un enfant emmailloté, probablement le petit Jésus. Autrefois, les enfants attendaient le gâteau que leur apportait Jésus la nuit de Noël. Les cougnous étaient décorés de diverses façons. A Marche par exemple, on y plaçait de gros morceaux de sucre.
La tradition du sapin de Noël
Très présent dans nos maisons contemporaines, le sapin de Noël s’impose tardivement dans les chaumières d’Ardenne et d’Europe occidentale.
Il serait apparu au début du XVIe siècle en Alsace. Il évoquait la faute d’Adam et se paraît de pommes et d’hosties. Puis la coutume se développe dans les pays germaniques. Et notamment dans la bourgeoisie allemande. Les émigrés apportent cette tradition dans le monde anglo-saxon au XIXe siècle. Le sapin toujours vert symbolise la vie éternelle.
En Belgique, c’est la guerre 14-18 et les soldats allemands qui popularisent cette coutume. Ils s’attachent à recréer dans le pays occupé, l’ambiance d’une veillée de Noël. Et la tradition de l’arbre de Noël se maintiendra car elle sera perçue comme une tradition des troupes alliées et non pas allemande dont on rejetait, à la libération, tous les souvenirs.
Les troupes américaines en hiver 44 voudront aussi se remonter le moral en reconstituant, comme elles pouvaient avant l’affrontement, un décor, une table et un sapin de Noël. Typiques dans les pays germaniques durant l’Avent (de adventus : avènement du Messie) et très récents chez nous, les marchés de Noël offrent tout ce qu’il faut pour se préparer à la fête.
La Crèche de Noël
Des crèches sont aménagées (voir le parcours du village de Bure) dans les églises ou sur les places. Elles évoquent la Nativité : c’est-à-dire la naissance de Jésus à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand (Nouveau Testament, St Luc). Le nouveau-né est installé dans une mangeoire que désigne le mot crèche. Le dépôt de l’enfant dans une auge est évoqué dans l’Ancien Testament (Hab.) et le Nouveau Testament (St Luc). Mais que sait-on encore de cette épisode de la vie du Christ ? Et quelle est l’origine de la tradition des crèches de Noël ?
Le diacre Jacques Delcourt complète nos informations sur ce que les écritures renseignent encore.
Des légendes ardennaises
En symbiose avec la nature, nos anciens qui étaient agriculteurs pour la plupart, s’accordaient un peu de répit. Les journées sont plus courtes, et qui plus est à l’époque où la fée électricité n’existait pas. C’était un bon moment d’échanges au coin d’un feu, source de lumière et de chaleur. Durant les longues soirées sans télévision et sans internet, on se racontait des histoires, nos légendes d’Ardenne.
Lumières, feux de joie ou d’artifice
La lumière céleste est très peu présente à cette époque de l’année. Si les chrétiens du 4e siècle ont choisi la nuit la plus longue de l’année pour fêter la naissance du Christ, lumière dans la nuit selon leur foi, c’est pour marquer le moment à partir duquel les jours ne feront plus que croître. Le mot « Noël » vient du latin natalis dies qui veut dire « jour de naissance ».
Nombre de fêtes païennes ont précédé la fête chrétienne de Noël comme l’anniversaire du Soleil et de Mithra. Ce culte oriental s’implante dans nos régions au 2e siècle après J.-C., à la suite des campagnes de Pompée. Mithra, divinité alliée au soleil assure fertilité et prospérité aux hommes, à leurs cultures et à leurs élevages. Feuilles de gui ou pommes de pins sont autant de signes de fertilité et d’éternité.
Fête à la lumière, dans les pays nordiques, la Ste Lucie (de Lux : lumière) se déroule le 13 décembre. Une procession d’enfants portant couronnes constituées de bougies et de branches d’airelles (symbole du renouveau) parcourt les cités. Toujours en décembre, la Hanoukia chez les Juifs est aussi une fête de la lumière et le temps de la distribution de cadeaux.
Récent le père Noël
Autrefois dans les traditions ardennaises, le succès de Saint Nicolas était très important. La dévotion à ce saint évêque de Turquie, est très ancienne dans nos régions : depuis le 14e siècle. C’était le jour des enfants et des cadeaux. Son descendant le Père Noël a eu de la peine à s’imposer dans la population de la vieille Europe, comme le sapin. Son image nous vient d’Amérique : vieil homme ventripotent, habit rouge et blanc se déplaçant sur un traîneau tiré par huit rennes. En Espagne, ce sont les Rois mages qui apportent les cadeaux, le jour de l’ Épiphanie.
Une cuisine de saison
L’Ardennais conformait son appétit aux nourritures saisonnières. Pour les fêtes, selon sa fortune, il ajoutait des mets plus gourmands aux choses plus simples. Il était d’usage, à Noël, de tuer un des porcs mis à l’engrais. Le boudin de Noël était partagé avec famille et amis. Quant à la dinde, elle nous vient aussi d’Amérique qui commémorait les premiers colons bien contents de les trouver là pour se nourrir.
une très belle ville touristique
Très bien… j’en ai appris des choses ; merci.
Très heureuse d’avoir pu vous donner du plaisir à cette lecture. N’hésitez pas à nous suivre. Voici le lien vers notre site vous souhaitez avoir de nos nouvelles : https://www.luxembourg-belge.be
BAV
Pascale G.