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Le loup au fil du temps et des saisons

18
Fév
2016

Par 18 février 2016 Catégories Nature 2 commentaires

Dans notre numéro 13 de « Regards d’Ardenne » de mars 2016, la rubrique « une nature à découvrir » est consacrée à un animal qui a beaucoup frappé nos imaginaires : le loup. Découvrez les bonus de cet article grâce au contenu de ce blog!

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Sommaire de l’article

© Anthony Kohler

© Anthony Kohler

Ce grand prédateur recoloniserait ses anciens territoires. Et pourquoi pas le nôtre ? Sa présence est déjà bien établie dans des régions proches de nos frontières : comme la Hesse (Frankfurt) et la Saxe-Anthal (Magdeburg) en Allemagne. Plus près encore, un loup est abattu dans une forêt de Rhénanie-Palatinat (à 120 km de notre frontière) en 2012. Cette première dispersion a pour origine l’Europe de l’Est. La seconde expansion vient d’Italie et a atteint les Vosges via les Alpes.

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Organisation de la meute

Le mode de vie du loup, organisé en meute, entraîne fatalement sa dispersion. Les parents vivent avec les louveteaux de l’année et parfois avec ceux de l’année précédente. Puis un subadulte (entre 1 et 3 ans) quitte sa famille pour fonder la sienne. Sa recherche de nouveaux territoires peut s’effectuer à trois périodes différentes, correspondant à 3 saisons, sauf l’été.

À la belle saison, tous les loups se consacrent à l’éducation de la nouvelle portée. Le jeune adulte peut s’aventurer à quelques centaines de km de son lieu de naissance et errer seul durant 2 ans, avant de s’installer. Il choisit un endroit propice à sa survie, et à celle de sa meute qui se recrée autour d’un couple dominant. La parfaite union entre les membres de la meute permet de chasser et de défendre le territoire avec une grande efficacité.

© Anthony Kohler

© Anthony Kohler

De la Toundra à la forêt : le loup un animal résistant

Depuis toujours, la terre a connu des changements climatiques et des extinctions d’espèces. L’extinction la plus connue est la disparition des dinosaures, il y a 65 millions d’années. La particularité de la crise et du réchauffement climatique d’aujourd’hui, c’est sa vertigineuse vitesse qui ne permet pas de périodes de transition et d’adaptation comme autrefois. Et c’est aussi la première fois que l’homme est la cause majeure des bouleversements de la biosphère.

Revenons au loup. Il y a 25 000 ans, au dernier maximum glaciaire, une faune de type arctique (renne, bœuf musqué…) vivait sous nos latitudes.

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Le renne était d’ailleurs le gibier de prédilection des chasseurs magdaléniens.  Précisons que la « Belgique » se trouvait à ce moment-là en bordure de la calotte de glace. C’était un paysage de toundra, plus désertique au Nord de la Belgique actuelle et plus fourni au Sud. Y vivaient encore, le lièvre variable, le lemming, le lagopède, le harfang des neiges, le cheval et plus rarement le mammouth. Et aussi le loup qui, avec le glouton, le lynx et le renard polaire supportent les froids extrêmes. Loups et renards ont une grande capacité d’adaptation au climat. Lors de ces refroidissements, les animaux des milieux boisés ont migré vers le Sud.

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Film de J.Perrin et J.Cluzaud, Les Saisons, 20.000 ans d’histoire au cœur du monde sauvage.

Et lorsque vers 12 000 ans (Holocène) survient un nouveau réchauffement climatique, la forêt reconquiert l’Europe. Avec l’expansion de la forêt, revient alors un cortège d’animaux qui supporte un climat plus tempéré comme : le cerf, le sanglier, le chevreuil … herbivores préférant des températures plus douces. Ils remplacent la faune froide. Le loup persiste et se nourrit de ce nouveau gibier.  Peu à peu, ce loup, habile chasseur, est domestiqué par l’homme. L’animal sauvage devient gênant pour l’éleveur et représente un rival pour le chasseur. Et commence alors son extermination.

Extinction du loup, entre nature sauvage et domestique

Le loup a disparu de nos forêts d’Ardenne, il y a plus de 100 ans. C’est l’homme qui l’a éradiqué en prenant toutes sortes de mesures pour le piéger et l’abattre : primes à la destruction, trappes (louvières), chasses à courre et battues.

Dès l’Antiquité déjà, on le pourchasse dans les  grands domaines d’élevages ovins italiens. Au 4e siècle avt J.-C., la Grèce inaugure les primes à sa destruction. En 813, un « capitulaire » promulgué par Charlemagne mentionne l’existence d’un corps spécial, les Luparii,  qui a la charge de détruire systématiquement l’animal « nuisible ». Supprimé à la Révolution française, ce corps est rétabli par Napoléon Ier. Le louvetier existe toujours aujourd’hui en France, mais ses missions ont changé depuis 1971. La louveterie est aujourd’hui chargée de veiller à la régulation des nuisibles et au maintien de l’équilibre de la faune sauvage.

© Musée Piconrue Bastogne

© Musée Piconrue Bastogne

Plus que toutes ces mesures destructrices, la transformation des milieux, consécutive à l’industrialisation et à l’urbanisation, ont eu raison du loup. De nos jours, certains scientifiques ne croient pas à la viabilité du loup en Belgique : « Trop d’habitations, trop de routes… ».

Quant aux pays voisins, comme la France, son retour récent déchaîne encore les passions chez les chasseurs et les éleveurs. Les dégâts aux troupeaux de moutons sont bien réels bien qu’ils n’aient jamais l’ampleur des pertes causées par les maladies ou par les chiens errants. Si les chiffres le prouvent, ils ne peuvent rien face au choc psychologique d’un éleveur qui déplore la perte d’un animal. Si le loup revient, il faut informer les intéressés sur les moyens de protection du troupeau qui sont appliqués avec succès dans d’autres pays européens. La Belgique devra réfléchir aussi aux indemnisations potentielles en cas de dégâts éventuels comme c’est déjà le cas pour d’autres espèces protégées.

Une image négative forgée par une longue histoire

Et il faut surtout que les mentalités changent. Le retour du loup peut avoir un impact positif sur la régulation de la population du gibier, notamment les sangliers, et sur la biodiversité en général comme le développement de la flore ou la qualité de la production sylvicole.

Bien que la science moderne jette un éclairage objectif sur ce prédateur craintif, elle a bien moins d’impact que les siècles d’images négatives et erronées qui ont été transmises à travers les récits sur le loup.

Les méfaits de la bête de Gévaudan, gravure parisienne XVIIIe siècle img6

Les méfaits de la bête de Gévaudan, gravure populaire parisienne XVIIIe siècle

Pour preuve, le patrimoine légendaire ardennais qui ne manque pas d’histoires sur sa malice, sa fausseté, sa grande gourmandise ou sa férocité. On va jusque le diaboliser.

Djean et le loup © Musée Gaumais

Djan d’Madi et le loup © Musée Gaumais

Apôtres de l’Ardenne, St Hubert et St Remacle protègent les hommes contre la rage qu’il propage ou contre son caractère démoniaque. St Remacle le rendant bien inoffensif.

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Le passage de la prédation à l’économie de production : agriculture et élevage,  puis les profonds  changements liés à  l’industrialisation, ont engagé l’homme dans une voie. Néanmoins, sa conscientisation des nouveaux enjeux auxquels il doit faire face, notamment en matière de maintien de la biodiversité et de respect des équilibres écologiques.

De l’extinction à la protection

Les lois sur la protection du loup comme espèce très menacée et l’amélioration générale de notre biotope sont favorables à sa dispersion. Les populations d’ongulés sauvages ont plus que doublé ces 30 dernières années en Wallonie.  La surface occupée par la forêt wallonne est en augmentation : actuellement elle couvre environ 554.000 ha (5.540 km²). En province de Luxembourg, elle recouvre près de 50 %  du territoire avec 229.500 ha (2.295 km²).

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Actuellement, la densité des grands ongulés en forêt wallonne représente un potentiel alimentaire important. Pour le cerf, « la densité moyenne au printemps 2015, sur une surface boisée occupée durablement (environ 330 000 ha), serait de l’ordre de 42 cerfs par 1000 ha ». La population de chevreuils et de sangliers est abondante elle-aussi.

Et le menu principal du loup se compose essentiellement d’ongulés : chevreuil, cerf, sanglier. D’ailleurs, il ne se fixe pas en l’absence de ce gibier.

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Par conséquent, les experts du Département Nature et Forêts (DNF) n’excluent pas son retour dans nos massifs forestiers : en Hautes Fagnes, à Anlier ou à St-Hubert. En lien avec les ressources alimentaires, la superficie nécessaire à  un clan de 4 à 6 individus en Europe occidentale, atteint une moyenne 200 km². Comme on l’a constaté dans le parc américain de Yellowstone (USA, Wyoming), le retour du loup peut rééquilibrer un certain ordre naturel en réalisant ce que l’on appelle une chasse sanitaire. Des études menées là-bas ont démontré que le loup avait eu un rôle positif pour la régulation des populations d’ongulés. Le prédateur s’attaquerait d’abord à des proies affaiblies (malades, jeunes ou vieux). Reste bien sûr le problème de la prédation sur les animaux domestiques qui ont perdu leur instinct de défense.

Les spécialistes ont décrit un phénomène particulier lié à la prédation : « le surplus Killing ». La fuite de la proie déclenche chez le prédateur une excitation qui le pousse à poursuivre plusieurs proies. Il ne se calme qu’en absence de mouvement. Fort de cette observation, des placements de clôtures ou des chiens de protection vont limiter ce « surplus killing ».

© P. Willems/FTLB

Acremont © P. Willems/FTLB

Dans quel délai peut-il s’installer ?

Les spécialistes nous rassurent, si le loup revient de manière naturelle, cela se fera progressivement. Ce temps, il faut le mettre à profit pour s’y préparer. Et plus particulièrement, les différents acteurs intervenant dans la gestion de la forêt : agents forestiers, chasseurs, propriétaires ainsi que les éleveurs ou un public plus large…

Des rencontres ont déjà eu lieu entre les Etats de la Grande Région (Allemagne, G-D-Luxembourg, France) pour suivre les déplacements de l’animal et partager informations ou expériences. Des formations sont prévues pour préparer les agents forestiers, à détecter la présence du loup. Voici quelques critères d’identification. Mais ce n’est que par l’accumulation de tous ces indices que l’on peut  affirmer avec quasi-certitude la présence du grand prédateur. La preuve scientifique irréfutable reste bien entendu l’analyse ADN effectuée sur des poils, la salive ou les excréments.

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À vue, il n’est pas aisé de distinguer le loup d’un grand chien.

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Pas de loup dans la neige

Dans nos parcs animaliers

Aujourd’hui, bien des touristes, de plus en plus avides de connaissances, sont passionnés par la faune et la flore de notre Ardenne forestière. Des signes positifs comme la réapparition d’animaux rares : cigogne noire ou balbuzard … et d’autres espèces encore prouvent l’amélioration constante de notre environnement.

Mais pour approcher en toute sécurité les principaux animaux sauvages de nos régions, y compris ses espèces menacées : tels que le loup ou le lynx, il faut se rendre dans les parcs animaliers : à Bouillon, La Roche-en-Ardenne ou Han-sur-Lesse.  Pour nourrir un loup adulte, le soigneur prévoit entre 2 et 5 kg de viande par jour. Le loup peut consommer des cadavres d’animaux morts d’accident ou de maladies.

La législation est drastique pour assurer le bien-être de ces animaux, parfois en voie d’extinction, dont le patrimoine génétique est heureusement conservé dans ces parcs.

Parc à Gibiers de La Roche-en-Ardenne

Parc à Gibier de La Roche-en-Ardenne

L’émission de la RTBF « Les Ambassadeurs » du 13 février 2016, consacrée à La Roche-en-Ardenne, présente en « guest-star » les loups du Parc à Gibier!

À découvrir dès la 30ème minute!

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Les louveteaux de Han-sur-Lesse, des vedettes de cinéma

Le travail de ces soigneurs est remarquable de telle sorte que l’équipe de Jacques Perrin, célèbre producteur et réalisateur de documentaires animaliers, s’est rendue à Han-sur-Lesse en 2013 pour adopter, dès leur naissance, des louveteaux qui se retrouvent sur l’affiche d’un prochain film intitulé « Les saisons ».

C’est le dresseur Pascal Tréguy qui s’en est occupé. Il cherche des animaux équilibrés et en contact avec l’homme pour répondre aux besoins du scénario et des exigences du réalisateur. Par ailleurs, l’équipe de Han-sur-Lesse se devait d’être confiant pour les laisser partir.

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Le film « Les saisons » sort le 27 janvier prochain et nous emmène dans un voyage à travers le temps pour redécouvrir une faune et une flore européenne de la dernière glaciation (il y a 120 000 ans)  au dernier réchauffement climatique (il y a 12 000 ans) qui se poursuit encore aujourd’hui.  Ce récit montre le lien qui unit l’homme à son environnement. Cet homme marque de plus en plus la planète de son empreinte et porte l’espoir de son possible revirement pour la survie de toute la planète.

Découvrez la bande-annonce tout en poésie du film de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud.

 

Ni ange ni démon, le loup est un grand prédateur dont la protection et le possible retour en Ardenne doit nous faire réfléchir sur la réussite d’une cohabitation durable car son avenir dépendra toujours de l’homme.

 

2 commentaires pour “Le loup au fil du temps et des saisons

bouvet dit :

j’ai eu le bonheur de voir le film « Saisons », prises de vue magnifiques, prise de conscience aussi au fur et à mesure du déroulement du film car, s’il n’est pas trop tard, il est urgent de se prendre en mains pour sauver ce qu’il reste encore à sauver, c’est possible mais ……………..

Axel dit :

Bonjour, je suis tombé sur votre blog par hasard en fouinant du contenu sur les loups de qualité. J’en suis ravie! J’ai appris pas mal de chose en surfant sur votre site, merci infiniment. J’ai aussi visité un site très constructif sur les loups, je vous le fait parvenir: https://wolfdream.shop/blogs/articles-loup

Belle journée à vous, bonne continuation et longue vie aux loups!
Amicalement, Axel

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