Le castor, nouvel habitant de l’Ardenne
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2017
Par Catherine Goffin 28 mars 2017 Catégories Nature Pas de commentaires
Il y a dix ans, il était difficile de rencontrer des castors en Luxembourg belge. Aujourd’hui, la tendance s’est inversée : les plus gros rongeurs d’Europe ont élu domicile dans la plupart de nos vallées. Leur nombre s’élève à près d’un millier de spécimens en Belgique.
En 1848, le dernier castor de Belgique est exterminé. L’animal, d’origine européenne, était tellement apprécié pour sa fourrure, son castoréum (une substance odorante produite par ses glandes qui aurait des effets thérapeutiques) et sa viande, qu’il a été pourchassé par l’homme. Mais il est de retour! L’homme l’a fait disparaître et maintenant il le fait réapparaître. Mais comment ?
Entre 1998 et 2000, un groupe de défenseurs des castors a déplacé illégalement 1000 individus de l’Eiffel allemand et de Bavière vers différents endroits en Wallonie. Etait-ce une action scientifiquement calculée ? Nous ne le saurons jamais car le sujet est encore sensible chez la DNF wallonne (le Département de la Nature et des Forêts) et le groupe maintient un profil bas.
Depuis, de nombreuses générations de castors se sont succédé et il n’y a aucun doute que le castor se plait dans les eaux ardennaises. Certaines ont toutefois délaissé la Wallonie pour atteindre la Flandre.
Des bosseurs et des profiteurs silencieux
Une des caractéristiques de cet animal est qu’il ne fait pas beaucoup de bruit. Sauf quand il se sent en danger évidemment; à ce moment-là, il tape sur l’eau avec sa queue pour chasser l’ennemi. Et on ne le voit presque jamais non plus. Le castor étant un animal de jour, il sort principalement le matin dans les zones calmes. Quand les terrains sont occupés (par les hommes par exemple), il se montre bien plus tard, pendant la soirée ou la nuit.
Observer un castor est donc un hobby qui demande énormément de patience ! Mais quand le castor s’est installé dans un endroit bien précis, la recherche est plus aisée: des traces de bois rongés, des arbres tombés, des barrages, des tas de branches empilées (les huttes), des pistes de glisse sur les bords… Il laisse de nombreux indices sur son passage car c’est un très grand travailleur qui parvient à transformer, en peu de temps, un ruisseau en habitat idéal grâce à ses barrages.
Au boulot
Avec ses solides dents, le castor ronge facilement un arbre au sol, pas uniquement dans le cadre de ses travaux d’aménagement mais aussi pour se nourrir. On pense souvent, à tort, qu’il raffole de poissons. Or, le castor préfère nettement les matières végétales : de l’arbre, il mange les feuilles, les petites branches et l’écorce. C’est seulement avec le bois restant qu’il construit des barrages et son habitation.
Le barrage a pour objectif de maintenir le niveau d’eau de son environnement assez élevé ; certains sont impressionnants de par leurs dimensions ! Ils sont, bien évidemment, étanches à toute humidité. Le rongeur veille également à ce que l’entrée de sa hutte soit toujours sous l’eau afin qu’aucun ennemi ne puisse entrer. Par contre, son « living » est toujours agréable et sec. Derrière le barrage, le castor laisse prospérer une grande flaque d’eau stagnante, endroit idéal pour le développement de toutes sortes de plantes humides, d’insectes, de libellules, d’amphibiens ou encore de poissons. Pour la biodiversité, le travail du castor comporte de nombreux avantages pour les autres animaux: par exemple, la cigogne noire profite et se régale de la présence d’amphibiens dans ces mares. Petit à petit, elle aussi se sent à nouveau à la maison en Ardenne.
Mais à cause de ces barrages, le castor ne se fait pas que des amis. Si votre maison se trouve près d’un ruisseau et que votre jardin s’étend jusqu’à l’eau, il est bien possible qu’un matin ; vous découvriez votre belle pelouse transformée en marécage !
« Il y a trop de castors », disent les gens qui subissent les dégâts. « Il n’y en a jamais trop », disent les experts et les amoureux de la nature.
Les petits castors
Papa et maman castor restent fondamentalement fidèles et si tout va bien, ils font chaque année leur nid au même endroit. Les jeunes restent près de leurs parents et les aident à éduquer le nid suivant. A l’arrivée de la troisième portée, les plus âgés prennent leur indépendance et sont (parfois brutalement) mis à la porte. Ils doivent trouver leur propre territoire et un partenaire de vie pour fonder leur nouvelle famille. Cette recherche est très difficile et beaucoup de castors ne survivent pas : certains ne trouvent pas de territoire et d’autres se font attaquer.
Des visites guidées
Vous voulez en savoir plus ? N’hésitez pas à rendre visite aux castors en étant accompagné d’un guide spécialisé. Ce dernier vous racontera tout ce qu’il y a à savoir sur la vie de ces nouveaux venus. Il existe plusieurs organisations proposant des promenades et des excursions sur l’espace de vie du castor. Attention ! Vous ne pouvez jamais être sûr de croiser le rongeur mais voir ses constructions dans une belle nature en vaut déjà la peine. Des sites agréables à visiter en Luxembourg belge sont par exemple Marcourt, Nadrin ou Saint-Hubert.
Découvrir en vrai
Vous trouvez plus d’informations sur:
www.compagnieardennaisederandonnee.be: téléchargez Regards d’Ardenne n°12 avec un article sur cette compagnie ICI!!
Source de texte: l’information de ce texte provient des articles de “LANDSCHAP vzw”, un magazine sur la nature en Belgique et aux Pays-Bas. www.landschapvzw.be.