La Semois, reine des méandres – 2e partie : De Chiny à Florenville, quand la belle fait sa première incursion en Ardenne
22
Juin
2015
Par Catherine Goffin 22 juin 2015 Catégories Bouger, Découvrir et visiter, Mon Ardenne 2 commentaires
Après la 1ere partie et les marais de Vance, ses déambulations paresseuses au milieu des prairies grasses de la Gaume, voici que les choses sérieuses commencent…
…à Chiny, cité comtale…
Continuons, si vous le voulez bien vers Chiny. La Semois y fait sa première incursion en Ardenne. Escarpements rocheux, vallée encaissée et méandres abandonnés donnent au cours de la rivière une belle et douce sauvagerie. Savez-vous que ce petit village essentiellement agricole jusque dans les années 1990 a été le siège d’un puissant comté au Moyen-Âge ?
“Le Fort” rappelle ce passé puisque des fouilles menées dans les années 1970 sur cet éperon rocheux qui domine la Semois ont révélé la présence d’une fortification assez importante. Chiny a aussi connu un essor important lié au tourisme dans l’entre – deux guerres : six hôtels et pensions de famille, comme on les appelait à l’époque cohabitaient dans la petite cité comtale.
Mais Chiny est surtout connu pour deux attractions particulièrement originales : la société “Les Passeurs réunis” qui gère la descente en barques a fêté son centième anniversaire en 2014. Malheureusement, ses activités sont en suspens. Mais tout espoir n’est pas perdu de relancer cette belle attraction qui a été, pendant longtemps LE fleuron de Chiny. Toutefois, vous avez la possibilité de circuler sur la rivière en canoë et en kayak.
… et cité du conte
Mais Chiny, c’est aussi et surtout le Festival du Conte. Chaque année, durant un week-end en août, la petite cité connaît une affluence monstre : c’est là que se donnent rendez-vous des conteurs des quatre coins du monde francophone. Durant trois jours, Chiny vit dans le rêve, la poésie et la convivialité. Avis aux amateurs d’histoires pour petits et grands.
Et si une petite faim vous taraude, vous aurez l’embarras du choix : de la petite restauration à la grillade en passant par un menu gastronomique, vous devriez trouver assiette à votre goût !
Enfin, ne manquez pas “Chiny au jardin”. Si vous aimez les belles plantes, les roses odoriférantes, les buis taillés et surtout les belles rencontres, venez durant le premier week-end de juin ; vous ne serez aucunement déçus !
Retour en Gaume
Au sortir de la grande forêt de Chiny, la Semois rejoint son cours gaumais. Elle alimente la grande roue à aubes du moulin de Lacuisine. Classée par la Région wallonne, la bâtisse est un beau témoignage de ces innombrables forges et moulins qui émaillaient le cours de notre rivière. Jadis moulin à farine, la machinerie entraînera ensuite une scierie jusqu’à l’arrêt des activités dans les années 1970. Madame Mars, sa propriétaire, l’entretient jalousement. La roue a été renouvelée en 2014.
A Florenville
Deux incontournables parmi beaucoup d’autres : la Poivrière et le Centre d’interprétation du Paysage. De l’arrière de l’église de Florenville, on découvre un point de vue époustouflant de beauté : la Semois a créé au pied de la cuesta un large méandre bordé de prairies de fauche qui monte lentement vers le domaine des Epioux et l’Ardenne méridionale. C’est ce qui a donné l’idée aux concepteurs du Centre d’interprétation du paysage de profiter du lieu pour installer un outil pédagogique de grande qualité.
Après votre visite, le pays de la Semois entre Ardenne et Gaume n’aura (presque) plus de secret pour vous. En fait, c’est une invitation à flâner au long des centaines de km de sentiers balisés de la région et au-delà. Des cartes sont disponibles dans tous les Syndicats d’Initiative de la région et à la Maison du Tourisme.
Du point de vue justement, avez-vous remarqué cette belle petite bâtisse soigneusement construite en calcaire de Fontenoille qui borde la Semois non loin du camping ? Louis XIV a décidément laissé beaucoup de traces de son règne dans la région. Il s’agit de l’une des redoutes qui permettaient de surveiller les endroits de passage de la rivière entre Pays-Bas Espagnols et Royaume de France. La Poivrière (c’est son nom) est en fait le seul point de défense et de surveillance construit en dur de tout le réseau voulu par le Roi Soleil. Les autres redoutes (on en reparlera plus loin) n’étant que des aménagements sommaires d’éperons rocheux qui dominaient la rivière.
Retour en Ardenne
Daviha. A la lisière du bois des Epioux, je revois mon grand-père et mes deux oncles, sur les roches qui affleurent au milieu de la rivière, attentifs au moindre frémissement du bouchon qui flotte à la surface de l’eau. Que de beaux moments passés là, au bord de l’eau… C’était il y a longtemps… Mais truites, chevesnes, brochets, barbeaux abondent toujours en Semois. Et les parcours de pêche ne manquent pas d’attrait !
La Vanne des Moines…
Peu après Sainte-Cécile, la vallée offre un bel écrin à la rivière. Partout, ce ne sont que chênes, hêtres et charmes parsemés de quelques épicéas (nous sommes quand même en Ardenne). Au printemps, les narcisses et les anémones tachent le sous-bois de blanc et de jaune. Et puis il y a le silence, seulement perturbé par un bruit de cascade, comme si la rivière accélérait son rythme. Nous sommes à la Vanne des Moines, vaste barrage en travers de l’eau, construit en énormes dalles de schiste posées sur champ. D’aucuns disent que ce sont les convers d’Orval qui ont édifié cet ouvrage, sans doute pour réguler un peu les coups de boutoir de la rivière au moment des grosses crues d’automne et de fin d’hiver.
Découvrir en vrai
– Découvrez les incontournables du Luxembourg belge, dont la Semois, sur http://www.luxembourg-belge.be/fr/je-decouvre/incontournables/index.php
–Abonnez-vous à Regards d’Ardenne sur http://www.luxembourg-belge.be/fr/pratique/abonnement-regards-ardenne.php
Je viens de tomber sur cet article.
Je serais intéressé de rencontrer l’auteur.
Je viens de terminer la descente de la Semois. De sa source à la Meuse.
210 km… marche et canyonig en eau douce. Escalade à l’horizontal des marais. Un peu de spéléo même, dans les tunnels arlonais.
Et surtout beaucoup de kayak…. 13 jours 🙂
Barrages innombrables, castoriens ou humains.
Expérience épuisante mais fantastique!!
A vivre sur cette rivière, il devenait important pour moi de savoir exactement de où à où elle va. Chose faite.
Merci pour votre commentaire, Vincent ! 🙂
Notre collègue Jacques est ravi d’apprendre que l’article vous a plu !
Belle journée,
Fanny