Chassepierre et Mirwart : Maisons de pierre de Gaume et reflet typique de l’Ardenne
17
Juin
2016
Par Catherine Goffin 17 juin 2016 Catégories Découvrir et visiter Pas de commentaires
Ce n’est plus un scoop mais cette bonne nouvelle mérite bien un flash back. La liste des « plus beaux villages de Wallonie » s’est joliment enrichie avec deux nouveaux hameaux situés en province de Luxembourg : Chassepierre en Gaume et Mirwart en Ardenne. Sans chauvinisme outrancier, pour avoir organisé « La Provinciale », un (semi-)marathon nature, à Mirwart et pris beaucoup de plaisir à vivre la « Fête des Artistes », j’ai la conviction que cette double nomination et consécration est des plus justifiées. Voilà pourquoi…
Chassepierre : des artistes, du grès et des pommes de terre
Si le nom de Chassepierre est connu long et large, c’est avant tout parce que, chaque 3è week-end du mois d’août, ses quelque 200 habitants s’organisent, bien aidés des années durant par Alain Schmitz, pour mettre sur pieds leur « Festival International des Arts de la Rue » . Celui-ci a vu le jour en 1974 sous l’appellation sympa de week-end « Poésie-Village » pour devenir ensuite « Foire » puis « Fête des Artistes » en 1984.
Le Festival accueille désormais une cinquantaine de compagnies venues du monde entier partager leur univers le temps d’un week-end de purs bonheurs partagés. Dont celui d’une restauration qui puise dans le vivier des bons produits de terroir. Petits et grands, surpris et charmés, en repartent enrichis de goûts authentiques et de rêves tout en couleurs. Si vous ne l’avez pas encore vécu, bloquez déjà les dates des 20 et 21 août pour la 43ème édition.
Grès, cimetière et presbytère
En dehors de ce week-end d’effervescence, Chassepierre, dont le nom dérive des mots latins « casa petra » ou « maison de pierre », est un charmant et très paisible village. Ses premiers habitants vivaient dans les souterrains aménagés sous l’église actuelle.
Ses maisons ont été construites avec le grès de Fontenoille, une pierre jaune encore extraite d’une carrière locale située sur ses hauteurs. C’est de l’autre côté de la route Florenville-Bouillon qu’un parking surplombant le village d’une cinquantaine de mètres offre un magnifique panorama sur les boucles de la Semois et la première cuesta.
Ce mot d’origine espagnole, qui signifie « côte », est une colline dont l’une des pentes a été rendue abrupte par l’érosion. Les pieds dans l’eau, le hameau s’étale dans un étroit vallon où domine l’église Saint-Martin (1702) avec sa tour et son clocher bulbeux. Elle est entourée de son cimetière, son volumineux presbytère (1790) et l’ancien moulin banal.
A l’arrière, deux charmantes demeures du 18ème siècle ont été construites à même les berges de la Semois. En contrebas de l’église, le Trou des Fées témoigne de la géologie de l’ère tertiaire avec son réseau de galeries souterraines creusées par l’homme dans la roche calcaire appelée « cron ».
La Plate de Florenville, spécialité de Chassepierre
Chassepierre est aussi (re)connu pour ses cultures de pomme de terre, principalement produite par l’entreprise « Victor Emond et fils ». Comme l’explique mon éminente collègue historienne Pascale Ghislain dans un article de blog traitant de « L’incroyable histoire de la pomme de terre » : « De chair ferme, jaune et délicate, de forme allongée et légèrement aplatie, « la plate » est fêtée chaque année à Florenville ». Cette ville est située à un jet de… pomme de terre de Chassepierre et un autre de l’incontournable abbaye d’Orval. La Plate de Florenville est produite dans un terroir de sols sableux et calcaires. Elle bénéficie d’une Indication Géographique Protégée (IGP).
Le rendez-vous, incontournable, du Festival, le charme d’un village paisible au bord de la Semois, un patrimoine architectural de toute beauté et d’excellentes pommes de terre… Les critères qui ont valu à Chassepierre de rejoindre le groupe des plus villages de Wallonie sont connus du seul jury qui a pris cette décision. Mais, pour notre part, elle n’est que très juste et justifiée !
Mirwart, reflet authentique et typique de l’Ardenne
Mirwart, c’est avant tout un château et une rue principale qui y conduit, le tout posé délicatement dans un écrin de verdure, comme un nid entouré des arbres de la Grande Forêt de Saint-Hubert. Mirwart, c’est aussi le « port d’attache » de l’acteur belge Olivier Gourmet. C’est un village typique de l’Ardenne qui paraît épargné par le temps qui passe. La preuve avec l’enfilade de maisons, pour la plupart d’anciennes fermes et fermettes, dont certaines ont conservé leurs colombages, vielles pierres et briques. Mirwart, c’est encore le Domaine provincial avec sa pisciculture, la statue du Semeur et la bière du même nom…
Un château à rénover
C’est dès le Xème siècle qu’une véritable forteresse est construite à l’endroit d’un poste de garde fortifié destiné à protéger l’abbaye de Saint-Hubert. Sur ses ruines est érigé début du XVIIIème siècle le château actuel.
Sur son promontoire, il semble surveiller la vallée de la Lhomme qui coule à ses pieds et le plateau ardennais qui lui sert de majestueux décor. Son historique se révèle rocambolesque tant il a été abîmé par des guerres, révolutions et autres péripéties, non sans avoir été toujours été reconstruit et même amélioré. Tout en longueur, imposant tout en restant humble, il attend à ce jour une sérieuse, et donc coûteuse, rénovation qui lui rendrait son lustre d’antan.
Le port d’attache d’Olivier
On ne présente plus Olivier Gourmet, un des acteurs belges les plus connus et appréciés. Visionnez cette vidéo pour apprécier ce véritable Ardennais qui a gardé ses racines à Mirwart et conservé une rare simplicité.
Olivier Gourmet et son épouse Catherine Wells ont longtemps été les propriétaires de l’hôtel « Le Beau Site » en plein centre du village. Aujourd’hui, ils proposent deux gîtes : L’Annexe pour 8 personnes et la Maison de Flore qui peut en accueillir 14. Vous apprécierez la disponibilité de Catherine et vous croiserez peut-être Olivier s’il n’est pas sur un tournage…
Le Domaine provincial
Au bas d’une longue descente longeant le château apparaissent les étangs piscicoles du Domaine Provincial. Cet espace boisé de 1350 hectares est un vrai havre de paix et une invitation à la quiétude et à l’évasion. Traversé par la Lhomme, c’est là qu’un chapelet d’étangs s’égrène où grandissent les truites de la pisciculture qui s’en iront rempoissonner les ruisseaux, rivières et plans d’eau de la province.
De nombreuses promenades balisées sillonnent le Domaine pour découvrir le village disparu de Marsolle, le pont d’Artigues, la grande glacière, la croix des bûcherons…
Le Semeur
Le Semeur, c’est à la fois la statue et la bière de Mirwart. Sur l’étiquette de la boisson houblonnée figure la sculpture du semeur réalisée par Louis Noël et située au centre du village. Cette bière à haute fermentation (6,20% d’alcool) est brassée par la Brasserie Caulier. Elle se déguste à l’Auberge du Grandgousier, l’excellent hôtel-restaurant de Katrien et Philippe Van Acker-Crepain.
La « Semeur » se partage aussi le dimanche matin avec les Mirwartois réunis dans leur salle communale dont les promeneurs ne doivent pas hésiter à pousser la porte.
Là encore, vous l’avez compris, les bonnes raisons de faire de Mirwart l’un des plus beaux villages de Wallonie ne manquaient pas. Et donc pour vous de partir à sa découverte non plus…