Blogueurs de voyage, le meilleur job du monde ?
20
Fév
2019
Par Catherine Goffin 20 février 2019 Catégories Mon Ardenne, Nature Pas de commentaires
Portraits de blogueurs de voyage: est-ce réellement le meilleur job du monde ?
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Partons à la découverte de quatre blogueurs de voyage ayant parcouru le territoire ardennais : Ariane d’Itinera Magica, 120km à cheval dans la Grande Forêt de Saint-Hubert à son actif. Marjorie et Nicolas de Ti’Piment, quatre jours en famille à pied ou à dos d’ânes. Laure et Seb, les Globe Blogueurs qui ont passé 10 jours en immersion totale, et Julien des Sentiers du Phoenix, l’enfant terrible de l’Ardenne. Retour sur leur vision du métier et leurs souvenirs en Ardenne.
Le plus beau job du monde ?
Les blogueurs voyagent dans des destinations toujours plus lointaines, souvent aux frais de celle-ci. Mais ce travail est-il réellement un job de rêve ? Tous les quatre ont la même vision. Il y a le plaisir d’exercer « un métier-passion », pour Ariane d’Itinera Magica.
« Je sais que j’ai un certain privilège à exercer ce boulot. Mais ce n’est pas un job de rêve. Comme tous les indépendants, nous sommes soumis à l’incertitude, aux revenus aléatoires, à une forme de solitude également et de pression. »
Et comme dirait les Globe Blogueurs, « il existe encore beaucoup de fantasmes autour de ce métier. Même notre entourage a du mal à se représenter ce que nous faisons réellement. Nous ne sommes pas en vacances permanentes… C’est également à nous de faire preuve de pédagogie et d’expliquer ce que nous faisons concrètement. »
« La rédaction et la mise en page, la photo et ses retouches, les tournages de rush et les montages, la communication sur les réseaux sociaux et la partie administrative. Si nous ne sommes pas passionnés, on se retrouve vite dépassé, » rajoute Marjorie de Ti’Piment.
Lorsqu’un influenceur décroche un contrat avec une destination, comme l’Ardenne, il ne s’agit pas de chômer ! Julien des Sentiers du Phoenix connait bien la situation. « Effectivement, derrière le rêve, il y a surtout la réalité. Derrière les magnifiques photos et les textes enchanteurs, il y a des dizaines d’heures de travail sur le terrain ou à la maison. Lorsque nous voyageons pour une destination, les résultats à fournir et les attentes sont grandes. On se lève tôt pour profiter des belles lumières et on se couche tard pour communiquer sur la journée. C’est dur, mais je ne me plains jamais. C’est ce que je voulais faire. »
Les blogueurs, des couteaux suisse
Les blogueurs peuvent-ils vivre uniquement de ce métier ? Les revenus liés à leur travail sont souvent tabous, ainsi que les partenariats passés avec les marques. Mais, encore une fois, nos quatre blogueurs sont unanimes sur la question.
« Je nous compare, en tant que blogueur, à un couteau suisse. Les différentes matières d’expertises nous poussent à toujours nous développer, nous former. Malgré cela, aujourd’hui, peu d’influenceurs vivent uniquement de leur blog ou de leur visibilité. Le blog est pour nous une vitrine de nos compétences. Le développement des activités (affiliations, rédactions, photographies, …) et des sources de revenus est indispensable pour savoir en vivre. C’est là que le couteau suisse est de nouveau nécessaire ! On doit toujours se débrouiller pour dénicher de nouveaux contrat et gérer l’imprévisibilité, » expliquent Laura et Seb.
Pour Ti’Piment, c’est la même chose. « Si certains arrivent à gagner leur vie de cette manière, je leur tire mon chapeau ! Personnellement, nous ne vivons pas à 100% de notre blog. A côté de cette activité, je bosse en tant que freelance comme rédactrice web et reporter photographe. »
« Si le blogueur met souvent toutes ses compétences aux services de ses clients, le travail seul du blog ne représente qu’une partie de l’ensemble de l’offre, » nous éclaire Julien. Tout comme Ariane, qui conserve son activité de journaliste, photographe et traductrice. »
Le blogueur, un Narcisse ?
Sur les réseaux sociaux, le quotidien semble plus doux et rayonnant que dans la vraie vie. Si les communautés de fans ne sont pas dupes et se permettent de rêver devant de tels clichés, les influenceurs, eux, ne le sont pas non plus. Les photos qui ressortent de leur travail ne sont que rarement le reflet de la « vraie » vie.
« Sur Itinera Magica, je ne choisis évidemment que les plus belles photos. J’assume cette esthétique léchée. En revanche, j’essaie toujours de désamorcer le caractère anxiogène de cette « vitrine parfaite d’une vie rêvée » en introduisant beaucoup de sincérité et d’autodérision dans les légendes de mes photos. Il m’arrive souvent de poster une photo « insta-parfaite » mais de raconter dans la légende comment cela s’est vraiment passé. »
Sur les Sentiers du Phoenix, c’est un peu différent : « Vous ne retrouverez que mon interprétation des choses que je vis. L’expérience que j’ai vécue ou le sentiment que j’ai partagé. Par définition, cela sera subjectif et orienté car c’est ma vision du voyage ou de l’aventure. Néanmoins, il faut garder un minimum de déontologie et éviter de mettre trop en scène ce que l’on vit. Si je veille à l’esthétique de mes images, j’essaie de donner la juste impression. »
Laura et Seb, les blogueurs en famille, regrettent cette uniformisation des contenus sur Instagram (plus narcissique que les autres réseaux sociaux) et cette recherche à tout prix de la photo parfaite qui ne reflète que très peu la réalité du voyage. « Instagram a repris les codes des magazines en vantant une vie parfaite et en relayant massivement les canons de beauté qui nous emprisonnent déjà bien trop. Malheureusement, la responsabilité revient à tout le monde. Autant ceux qui publient que ceux qui likent. Mais force est de constater que les photos correspondant aux codes Instagram sont plus vues et plus likées. Beaucoup d’utilisateurs râlent sur ce côté édulcoré de la vie mais le plébiscitent à la fois. Il y a un petit côté maso là-dedans. Nous continuons ceci dit à faire ce que nous aimons, à montrer ce qui nous semble important et surtout à fuir les spots « instagrammables ». Faire la queue pour une photo déjà vue mille fois, non merci ! »
De plus, lorsque l’on voyage en famille comme Marjorie et Nicolas de Ti’Piment, avec leurs deux enfants, le quotidien n’est pas toujours rose ! « Si on est une famille heureuse, la vie n’est pas parfaite ! Je vous rassure, on s’engueule aussi ! Nous n’allons pas montrer nos problèmes personnels et étaler notre vie sur les réseaux sociaux. C’est pour cela que vous ne verrez que la plus belle partie de nos aventures sur les réseaux sociaux. Par contre, nos mésaventures en voyage font partie intégrante de nos storys. »
L’Ardenne qui enchante et qui étonne, un credo validé !
Etonner le visiteur. L’enchanter. L’Ardenne fait partie des destinations touristiques méconnues à l’étranger, parfois même décriée. Pour beaucoup, il s’agissait de leur première expérience dans ce territoire de légende, au cœur de l’Europe. Et l’enchantement semble avoir opéré :