À la découverte des brasseurs du Luxembourg belge – La brasserie « Les 3 Fourquets »

Le Luxembourg belge, c’est à ce jour 17 brasseries, plus ou moins artisanales, disséminées au cœur de l’Ardenne, de la Lorraine et de la Famenne. Ce qui en fait la 2^e province wallonne en nombre de brasseries. Des plus reconnues comme Orval avec sa célèbre trappiste aux plus locales et originales comme la toute dernière microbrasserie d’Oster, les blondes, brunes, ambrées, rousses et spéciales se dégustent en toutes saisons.

la carte des brasseries du Luxembourg belge

Le magazine « Regards d’Ardenne » a mis la bière à l’honneur dans son 8^e numéro. Cela m’a donné l’idée de vous faire découvrir au cours des prochains mois les dessous de chacune de ces brasseries. Commençons notre tour des brasseries du Luxembourg belge à Courtil (Gouvy), à la brasserie « Les 3 Fourquets ».

La bière, une histoire de famille

C’est en 2003 que l’aventure des 3 Fourquets commence quand Pierre Gobron, fondateur de la brasserie d’Achouffe, décide de créer sa propre brasserie. Il s’installe dans une magnifique ferme du petit village de Courtil (Gouvy), vieille demeure inspirante. Pierre transmet sa passion à ses deux fils, Julien et Tim. C’est avec Tim que nous découvrons l’entreprise familiale pleine de créativité. Interview.

Tim Gobron des « 3 Fourquets » – © FTLB/E.Batter

1) Emilie de Regards d’Ardenne : « Présentez-nous vos bières »

Tim : «  Nous produisons de la blonde et de la brune toute l’année. La blonde est notre cheval de bataille, la « vraie » Lupulus. D’autres viennent compléter le panel :

•  la Fructus en été
• l’Hibernatus en hiver
• la Fourquette, une blanche, vendue uniquement en fût et destinée à l’export
• l’Organicus, la nouvelle blonde bio. L’idée vient de mon père qui a eu un engouement pour le bio. Dans cette bière, toutes les matières premières sont bios. »

l’organicus, bière bio – © FTLB/E.Batter

D’où vous viennent les idées pour sortir un nouveau produit ?

«  Pour avoir des idées, nous écoutons la clientèle. Ses conseils et ses attentes orientent nos choix. La bière fruitée, aux notes de cerises et de framboises, est née d’une demande du public. Elle est moins forte (4,5 degrés) et nous a permis d’ouvrir la gamme. »

Pourquoi vos bières se démarquent-elles des autres ?

«  Nous accordons une très grande importance aux matières premières. On ne prend pas les moins chères, ce qui est un gage de qualité car ce sont aussi les meilleures. Mais proportionnellement, dans le coût global de la bière, ce ne sont pas les matières premières qui coûtent le plus cher.  »

La lupulus – © FTLB/PWillems

Avez-vous des conseils pour accompagner vos bières ?

« La blonde accompagne très bien les viandes et les poissons. L’Hibernatus est plus noire et plus forte. Elle est délicieuse à déguster en soirée. »

Comment définiriez-vous le métier de brasseur ?

« Il est magnifique, c’est le plus beau métier du monde. C’est un métier sans cesse en évolution au niveau des techniques. La bière est vivante, il faut s’adapter. Énormément de brasseries poussent un peu partout et la concurrence est rude, d’où l’importance de travailler avec de bons produits. »

6) Vous travaillez en famille, est-ce un avantage ? 

« Ce n’est pas toujours facile d’être constamment ensemble car la Lupulus rythme nos conversations, on en parle tout le temps pendant les repas de famille. Mais en tant que membres d’une même famille, on a beaucoup plus confiance les uns envers les autres que si nous travaillions avec des étrangers. Nous avons d’ailleurs pour objectif de reprendre la société avec mon frère. »

D’où vient le nom « Les 3 Fourquets » ?

« Dans le temps, le « fourquet » était un outil qui servait à mélanger le malt d’orge avec l’eau lors d’une étape qui s’appelle l’empâtage, afin d’extraire le sucre du grain pour obtenir de l’alcool. Il peut être en fer, en cuivre ou bien en bois. 3 parce que nous sommes 3 à avoir repris la brasserie : mon père, mon frère et moi. La brasserie emploie 10 personnes au total. »

Les 3 Fourquets – © FTLB/E.Batter

Et le nom Lupulus ?

 » Lupulus vient du nom latin du houblon : humulus lupulus qui veut dire loup humble, d’où l’emblème du loup. »

Parlez-nous de l’avenir

 » Nous travaillons sur un projet d’extension qui sera terminé en fin d’année 2015. Nous allons déménager nos infrastructures dans le but de doubler la production. Nous y aurons beaucoup plus de place pour le brassage, le stockage et la fermentation. Notre objectif sera de produire 9.000 hectolitres à l’année. « 

La salle de brassage – © FTLB/E.Batter

 Connaissez-vous le succès à l’étranger ?

« Nous exportons dans plusieurs pays et chacun d’eux à des préférences particulières :

• En Italie, c’est la blonde et ses dérivées qui ont du succès et toujours à la pompe.
• Le marché français commence à se développer, il préfère la brune.
• En Pologne, la préférence va plutôt à la bière fruitée.
• Nous exportons également en Suisse, aux Etats-Unis, au Brésil, en Chine, en Russie. »

Le mot de la fin ?

 « On brasse toujours nos bières avec passion pour qu’elles soient les meilleures du monde. Ce n’est bien sûr pas le cas, mais c’est la seule manière d’arriver à la perfection. Entre nous, on le croit et on espère toujours que malgré la différence d’essences de houblons ou autres petites notes, les gens continueront à l’apprécier. »