Champignon, de l’intérêt de bien s’y connaître !
14
Sep
2018
Par Catherine Goffin 14 septembre 2018 Catégories Boire et manger, Nature Pas de commentaires
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Infirmier chef dans une clinique du Centre Ardenne et professeur à la Haute Ecole Robert Schumann, le borquin Tony Rock a suivi une formation de guide nature en 1995 au Cercle des Naturalistes de Belgique. A force de formations complémentaires et d’années d’expériences…, ce passionné est devenu un spécialiste des (balades) champignons.
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Les balades champignons, il les a vues évoluer : « La demande de plus en plus forte pour des balades guidées et commentées. Les gens ont besoin de retourner vers la nature, la toucher, la sentir, la comprendre… Pas besoin pour ce faire d’une litanie de noms scientifiques. Ils veulent apprendre des choses concrètes. Parfois nous proposons une balade pour connaître 5 champignons de manière approfondie. »
Intérêt et rôle
Les balades dédiées aux champignons ne servent pas uniquement à en manger. Elles sont utiles pour intéresser les gens à l’environnement et leur expliquer l’intérêt et le rôle des champignons qui ne servent pas juste à être consommés. En 2016, année pauvre en champignons, nous avons expliqué pourquoi nous en prélevions un minimum même si avions réussi à trouver une centaine d’espèces différentes dans la région de Saint-Hubert.
Les champignons toxiques ont aussi leur rôle dans la nature en tant que décomposeurs de la matière organique. Nous précisons les modes de vie des champignons, le fait qu’ils sont hétérotrophes, autrement dit qu’ils ont besoin des autres pour se développer contrairement aux végétaux, comme l’herbe, qui se suffisent à eux-mêmes.
Les groupes ne viennent plus nécessairement pour dénicher des endroits et des espèces plus rares. J’aime proposer des endroits variés au niveau du biotope et donc des espèces. Je mets l’accent sur la protection de la nature et des champignons, ce qui revient à ne pas automatiquement rafler tout ce qu’on trouve même si ce sont des giroles ou des cèpes de Bordeaux. Il faut laisser des jeunes et des vieux sujets pour pérenniser les espèces. Je le fais quand je suis seul et j’incite les groupes à faire de même. Des champignons figurent sur des listes d’espèces en voie de disparition. Si nous en trouvons, nous en prenons un pour le ramener à la salle d’exposition ou de tri à titre pédagogique pour bien montrer quelle espèce doit être préservée. Je pense au bolet pomme de pin qui devient rare. »
« Une année n’est jamais l’autre »
« Chaque année est différente. Le champignon est influencé par le cycle des saisons, la température, l’humidité, l’acidité de son sol, le relief et l’exposition au soleil… D’une année à l’autre, certains de ces éléments changent. Pour qu’un champignon pousse, il lui faut de l’humidité et une augmentation de la température assez brusque et de minimum 4°. Certains éclosent en deux ou trois heures. En forme d’œuf à 9h du matin, ils sont ouverts à midi. Les autres prennent plus de temps… Rayon cycles, il y a eu pas mal de morilles en mars-avril cette année, beaucoup en France mais aussi en Wallonie, dans les terrains calcaires qu’elles préfèrent. L’automne, c’est la saison qui voit sortir les trois quarts des champignons de l’année grâce aux variations de température, l’humidité ambiante, la chaleur des terrains accumulée pendant l’été… »
Anecdotes et bizarreries
« J’ai vu des gens foncer tête baissée et manger des champignons crus parce qu’on leur avait dit qu’ils étaient comestibles. J’ai accueilli trois filles dans mon service à l’hôpital qui avaient mangé un mélange de champignons, tous toxiques ! Tous les ans, plus en France qu’en Belgique d’ailleurs, il y a des intoxications graves voire mortelles. Je suis sur Facebook dans des groupes de mycologues, un en Belgique et un autre en France, et je peux dire que je vois de tout…
Il y a des choses bizarres avec les champignons. Prenons le lactaire délicieux, il est comestible mais on urine tout rouge si on le mange. Plusieurs appellations ne correspondent pas à la réalité comme les trompettes de la mort tout à fait comestibles alors que la gyromitre, bien que délicieuse, est très toxique. Le coprin noir d’encre est comestible à condition de ne pas consommer d’alcool dans les trois jours qui suivent… ».
D’où l’intérêt de bien s’y connaître. Il faut aussi savoir que rien ne règlemente aujourd’hui les balades champignons. Aucun titre n’est exigé pour être guide en la matière. N’hésitez pas à vous renseigner un maximum !
Infos : 0497/809135